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Une particularité du débat

 

Le débat entre athées, agnostiques et croyants est particulier. Bien souvent, il porte sur des croyances, quelles qu’elles soient, qui n’ont jamais été soumises à l’épreuve de l’échange avec ceux et celles qui, de bonne foi, ne les partagent pas. L’ignorance tranquille de l’autre et l’indifférence à son endroit tiennent souvent lieu de modus vivendi acceptable pour les parties, quand ce n’est pas une certaine condescendance qui n’ose se dire. L’implication existentielle en la matière est telle que les sensibilités risquent parfois d’être affectées pour le moins, sinon, irritées.  

Mais il faut espérer que de bonne foi, les croyants et incroyants qui acceptent de discuter et d’entrer en dialogue gardent comme objectif ultime de se rapprocher, à tout le moins ainsi de la vérité plus que de simplement se bercer de l’illusion d’avoir nécessairement raison. Il faut au minimum admettre, ne serait-ce que le temps de la discussion, que peut-être l’autre a raison ou tout au moins, peut enrichir mon propre point de vue pour que le dialogue soit possible et respectueux. Accords et désaccords font partie intégrante de l’exercice et les participants devraient y trouver une merveilleuse occasion d’enrichir leurs points de vue respectifs. 

Le débat est aussi une occasion de réflexion profonde et d’ébranlement de certaines attitudes caricaturales que l’on retrouve trop souvent des deux côtés. Edgar Morin, dans un échange avec Tarik Ramadan résume bien les enjeux : « il y a, à mes yeux, incompatibilité entre la religion révélée et la raison, mais il y a aussi les limites de notre raison[1] ».

Il ajoute aussi : « je pense que c’est par la raison que je peux connaître les limites de la raison[2] ». Edgar Morin, au-delà des divergences, croit qu’un nouveau mouvement de fraternité est nécessaire « peut-être même avec l’aide des religions, ce serait très bien[3] », estime-t-il. 

Il dénonce cependant un travers dangereux des religions : « Je pense que les religions pourraient intervenir pour le salut de l’humanité, mais la prétention dogmatique de chacune au monopole de la vérité rend la chose improbable[4] ».

Le croyant Tarik Ramadan signale que, avec ou sans Dieu, l’esprit dogmatique est dangereux.[5]

Quoi qu’il en soit de l’issue impossible à trancher définitivement dans cette affaire, il est évident, et ce l’est de plus en plus, que toutes les consciences humaines sont appelées maintenant à jouer le rôle de responsables pour assurer leur propre survie et celle du vivant sur notre planète. Tant la science que l’approche religieuse bien comprises insistent sur la relation intime que l’humain entretient avec le cosmos dont il est issu. S’il faut présumer que la divergence entre croyants, agnostiques et athées ne sera pas résolue, nous devrons tous accepter, autant que nous sommes, d’adopter une impérieuse posture d’humilité pour admettre que maintenant, plus que jamais, « la rencontre, l’interaction et la complémentarité entre les civilisations, les religions et les cultures ne sont pas un luxe du dialogue, mais un impératif de la survie ».




[1]E. Morin et T. Ramadan (2014), Au péril des idées, Paris : Chatelet Pr. du, page 89.

[2]Ibid., p. 89.

[3]Ibid., p. 79.

[4]Ibid., p. 80.

[5]Ibid., p. 81.