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OUI
Maurice Lagueux : « […] une foi qui [...] n’est pas structurée par un ensemble de pratiques cultuelles organisées et de croyances quelque peu explicitées peut paraître assez abstraite. Telle est pourtant la foi de nombreuses personnes qui se disent croyantes mais non pratiquantes. On ne peut mettre en doute la sincérité de quiconque caractérise ainsi son engagement religieux. On devrait, au contraire, admirer ceux et celles qui parviennent à vivre une intense vie spirituelle sans prendre appui sur une communauté de croyants. Il n’en reste pas moins que, pour plusieurs, cet éloignement de toute pratique religieuse organisée a pour conséquence un étiolement de leur foi car la participation aux activités d’une telle communauté semble contribuer fortement à concrétiser l’engagement que suppose la foi.[i] »
André Myre : « Chaque interprète façonne son propre Jésus, y compris les Églises, dont le Jésus a d’ordinaire davantage les traits d’un Dieu ayant pris apparence humaine que d’un humain devenu authentiquement tel parce que fidèle aux mystérieuses poussées qui montaient du fond de lui-même […] Le christianisme — où les Églises — ne peut en aucun cas s’approprier Jésus, mettre la main sur lui, le réclamer comme son bien propre. Jésus appartient à l’ensemble de l’humanité.[ii] »
John Shelby Spong : « Si cette institution veut survivre, elle doit retrouver sa signification originale et son identité […] Elle doit abandonner ses credos et son unicité tribale en faveur d’une inclusion universelle ; elle doit utiliser des formules dans le but d’inclure, jamais pour exclure. En bref, pour avoir une vie dans le futur, l’église Chrétienne doit devenir une communauté universelle […] Nous devons "chercher le Christ dans chaque personne aimant son prochain comme lui-même".[iii] »
NON
Hubert de Wouters : « Nous ne pouvons être chrétien aujourd’hui que parce que, de génération en génération selon une chaîne ininterrompue, des hommes et des femmes ont personnellement et en communauté, confessé Jésus comme Christ, Fils de Dieu, Dieu, Sauveur ; ils ont ainsi permis que la proposition d’une telle confession “chrétienne” arrive jusqu’à nous portée par une histoire (celle de la tradition ecclésiale) et incarnée dans et par la communauté “chrétienne”. Autrement dit, l’événement “Jésus” ne nous est pleinement accessible que dans et par cette tradition ecclésiale […] L’Église est la communauté unique voulue par Dieu Trinité comme communauté d’appartenance pour tous ceux qui acceptent l’offre de Jésus, c’est-à-dire pour ceux qui font l’acte chrétien de foi […] Une explication nettement différente du témoignage apostolique, sur un point central de celui-ci, crée un clivage dans le groupe Église, engendre une hérésie ; qui ne tient pas le symbole s’exclut de l’Église, se reconnaît hors de l’Église, s’ex-communie.[iv] »
Joseph Moingt : « L’effusion de l’Esprit Saint dans l’Église est l’achèvement de l’incarnation et du premier temps du salut qui en était la préparation […] L’Esprit fait la transition entre le temps du Christ et le temps de l’Église en opérant le transit du Père et du Fils en nous de même qu’il est la tradition vivante de tout ce qu’a révélé l’événement de Jésus dans l’intelligence, la prédication et la vie de l’Église.[v] »
Denit Moreau : « L’Église est le corps du Christ : il faut prendre l’expression au sérieux, comme une description bien fondée et non comme une métaphore. Qu’est-ce qu’un homme vivant, réel ? C’est l’union étroite d’un esprit […] et d’un corps. Et c’est par l’intermédiaire de ce corps, de ses actions, de ses expressions que l’esprit de cet homme est présent dans le monde, s’inscrit en lui, y participe".[vi] »
Joseph Aloisius Ratzinger (Benoît XVI) : « Si le fait d’être chrétien signifie essentiellement avoir foi dans le Ressuscité, alors le rôle particulier du témoignage de Pierre est une confirmation de la tâche qui lui a été confiée d’être le roc sur lequel est édifiée l’Église […] Ainsi, le récit de la Résurrection devient par lui-même ecclésiologie : la rencontre avec le Seigneur ressuscité est mission et donne sa force à l’Église naissance […][vii] »
[i]Lagueux, M. (2017), Tout en même temps agnostique et croyant, Montréal : Liber, p. 253.
[ii]Myre, A. (2015), Venez voir Jésus de Nazareth, Montréal : Novalis, p. 24-25 et 336.
[iii]Spong, J. S. (2018), Unbelievable, New York : HarperOne, p. 274 et 276.
[iv]de Wouters, H. (2014), Le mystère chrétien, Paris : Cerf, p. 560, 659 et 665.
[v]Moingt, J. (2014), Croire au Dieu qui vient, Paris: Gallimard, p. 594 et 597.
[vi]Moreau, D. (2018), Comment peut-on être catholique ?, Paris : Seuil, p. 216.
[vii]Benoît XVI, (2012), Jésus de Nazareth. De l’entrée à Jérusalem à la Résurrection, Les Plans-sur-Bex (Suisse) : Parole et Silence,p. 306.