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Q9. La mort

Un chrétien peut-il considérer que la mort est définitive, qu’il n’y a ni survie ni au-delà?

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OUI

Alain Houziaud : «  […] pour beaucoup de traditions religieuses, le passage à l’au-delà se fait sous la forme d’une fusion dans un tout. Durant notre vie terrestre, nous sommes une étincelle tombée d’un feu global, ou une goutte d’eau isolée de la mer. Mais, à notre mort, nous rejoindrons la source et le « tout » dont nous ne sommes qu’une partie, et ce dans une sorte d’immense « communion » (cette expression ne supposant pas forcément la persistance d’existences individuelles).[i] »

Daniel Maguire : « Dans ce livre, je soutiens que la contribution morale de la Chrétienté ne dépend pas […] des hypothèses d’une vie après la mort […] La mort pose un énorme défi à l’esprit humain et nous avons naturellement recours à la métaphore. Les représentations de notre paradis et de notre enfer sont des métaphores de ce que nous souhaitons pour nos défunts […] À l’âge séculier, même parmi les personnes religieuses vivant dans une société séculière, les métaphores de la vie après la mort peuvent relever davantage de la rhétorique que de la croyance[ii]. »

Paul Ricœur : « Que cette culture du détachement — pour reprendre le titre magnifique d’un écrit de maître Eckhart et pour s’inscrire avec lui dans la tradition mystique flamande — implique la mise entre parenthèses du souci de résurrection personnelle me paraît de plus en plus évident. En tout cas, la forme "imaginaire" du souci me paraît devoir être abandonnée, c’est-à-dire la projection du soi au-delà de la mort en termes de survie.[iii] »

John Shelby Spong : « Il y a de plus en plus de leaders religieux reconnus qui affirment publiquement qu’ils ne croient pas à une vie après la mort. Je les rencontre partout où je vais. Ils sont de moins en moins disposés à nier les conclusions auxquelles ils sont arrivés. Je pense à des gens comme Don Cuppitt en Angleterre, à Lloyd Geering en Nouvelle-Zélande, à Robert Funk et Shubert Ogden en Amérique […] Les prémisses sur lesquelles la religion s’est construite sont maintenant frappées de nullité […] et la question de Job au sujet de la possibilité d’une vie après la mort reçoit finalement un non catégorique.[iv] »

NON

Hubert de Wouters : « Les chrétiens partagent avec tous les autres êtres humains l’épreuve que constitue la rencontre de la mort, notamment celle de ceux qui leur sont proches ou la leur […] Mais l’eschatologie chrétienne dit que la mort est non un terme mais un passage vers quelqu’un qui nous aime et nous accueille. Ainsi l’attitude des chrétiens face à la mort ne peut pas et ne doit pas être celle de gens sans espérance.[v] »

Joseph Doré : « Au bout du compte, on peut estimer que tout ce qu’il [Jésus] prêchait était commandé par deux annonces essentielles […]  Second contenu essentiel, et qui sous-tend lui aussi toute l’annonce de Jésus : la vie humaine est appelée à traverser la mort […] non seulement l’espérance d’une résurrection d’entre les morts est ouverte aux hommes, mais chacun doit dès aujourd’hui en tenir compte dans la conduite de son existence.[vi] »

Claude Geffré : « La foi dans une vie éternelle après la mort est donc un article essentiel du credo chrétien […] La communication avec les morts est une évidence. Chez les chrétiens comme chez les Chinois, il y a une relation entre les vivants et les morts.[vii] »

Vito Mancuso : « La mort constitue la source de tous les discours religieux, les vrais comme les faux, et ce n’est certes pas un hasard si les premiers rites ont été liés au culte des morts et si les tombes ont été les premiers temples […] Dans la mort le temps s’éteint dans l’éternel, et l’éternel prend possession du mourant. Apprendre à mourir et voir Dieu sont une seule et même chose.[viii] »

Joseph Moingt : « Dieu est l’ennemi de la mort, il en est le vainqueur, il est source de vie, il nous appelle, à travers Jésus, à la vie éternelle, et c’est là où la résurrection prend sens pour nous…[ix] »

Denis Moreau : « […] je définirais un chrétien comme quelqu’un qui fait le pari de croire que ce n’est pas la mort qui gagne à la fin, parce que le Christ est ressuscité, nous montrant par là que la mort n’est pas le terme absolu.[x] »




[i]Houziaux, A. (Édit.) (2004), Y a-t-il quelque chose après la mort?, Paris : Les Éditions de l’Atelier, p. 15.

[ii]Maguire (2014), Christianity without God, New York : State University of New York, p. 4, 122, 123.

[iii]Ricœur, P (1995), Paul Ricoeur. La critique et la conviction. Entretiens avec François Azouvi et Marc de Launay, Paris : Calmann-Lévy, p. 235.

[iv]Spong, J. S. (2009), Eternal Life: A new vision, New York : HarperOne. P. 134-135. Notons cependant que Spong entrevoit une forme de vie éternelle : « Il nous a fallu passer à travers la conscience de soi pour découvrir la conscience universelle, (p. 207) […] Quand je vais mourir je vais m’en remettre (rest my case) à cet « être » (being) dont je fais partie (p. 210) […] Finalement, pour l’énoncer simplement, je crois profondément que cette vie que j’aime si passionnément n’est pas tout ce qu’il y a. Cette vie n’est pas la fin de la vie (p. 212) ».

[v]de Wouters, H. (2014), Le mystère chrétien, Paris : Cerf, p. 523.

[vi]Doré, J. (2015), Jésus expliqué à tous, Paris : Seuil, p. 53.

[vii]Houziaux, A. (Édit.) (2004), Y a-t-il quelque chose après la mort?, Paris : Les Éditions de l’Atelier, p. 60 et 107.

[viii]Mancuso, V. (2009), De l’âme et de son destin, Paris : Albin Michel, p. 17-18 et 219. 

[ix]Moingt, J. (2014), Croire au Dieu qui vient, Paris : Gallimard, p. 286.

[x]Moreau, D. (2018), Comment peut-on être catholique ?, Paris : Seuil, p. 135.