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Q4. La prière

Un chrétien peut-il considérer qu’il est vain de prier pour que Dieu intervienne dans les affaires humaines?

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OUI 

Jacques Musset : « Les demandes à "Dieu" excèdent de loin celles qu’en décembre reçoit le Père Noël […] Pourquoi ces demandes sont-elles inacceptables ? […] Une première raison est qu’elles donnent de "Dieu" une représentation de toute-puissance sans limites et arbitraire […] Mais il y a plus : c’est aussi la représentation de l’homme qui est en jeu dans cette attitude. Ces demandes à "Dieu" de toute nature, allant depuis son confort privé jusqu’aux grandes causes humaines, manifestent une indéniable démission de responsabilités de la part de ceux qui les professent[…] Mais ce n’est pas tout. On demande aussi à "Dieu"des choses impossibles, faute de pouvoir consentir à la réalité incontournable telle qu’elle se présente parce qu’elle est dure à vivre et oblige à des renoncements onéreux.[i] »

André Myre : « Dieu a créé un monde autonome et responsable capable de s’occuper de lui-même […] Et il faut y penser à deux fois avant de se précipiter dans les prières pour se sortir d’une mauvaise passe, car la distance est grande entre le ciel et la terre. Elles risquent donc de ne jamais se rendre à destination » […] Au cours de la rédaction de ces pages, […] j’ai dû rendre justice à une conviction de fond : celui que je nomme Dieu ne provoque ni ne guérit les maladies. Il a créé un monde autonome : des vivants chargés de propager la vie des humains responsables de leur devenir.[ii] »

John Shelby Spong : « La prière, comprise comme une requête faite à un dieu théiste pour qu’il intervienne dans l’histoire humaine n’est guère plus qu’une tentative hystérique pour mettre le Divin au service de l’humanité.[iii] »

NON 

Henri Blocher : « Comment la prière obtient-elle ce qu’elle a demandé ? C’est ce qu’on appelle l’efficacité de la prière […] L’Écriture comme l’expérience l’attestent : la présentation des requêtes est suivie de la réalisation des choses souhaitées, elle se montre très puissante (polu ischueï, Jc 5.16) par rapport à son objet, même lorsque celui-ci est bien distinct de la personne de l’orant. La prière « change les choses », elle modifie des états de fait ; au moins dans certains cas, on a le droit d’ajouter que ce changement n’aurait pas eu lieu si la prière n’avait pas été faite[iv]. » 

Yves Congar : « La prière est l’acte par lequel je m’adapte à la volonté du salut de Dieu en posant, par ma demande, une condition ou une disposition dont il a voulu que dépende l’exécution de cette volonté. Une « demande » n’est vraiment une « prière » que si elle se consomme en communion à la volonté de Dieu : « Père, s’il est possible, que ce calice s’éloigne de moi. Cependant, que s’accomplisse, non pas ma volonté, mais la tienne ». Une prière païenne cherche à ramener la divinité à nous ; une prière chré­tienne se remet dans les mains de Dieu, qui nous modèle et nous conduit.[v] » 

P. Garrigou-Lagrange :« Demandez et vous recevrez », a dit Notre-Seigneur. « Il faut toujours prier », ajoutait-il. Il importe donc de se faire une juste idée de l’efficacité de la prière, de la source même de cette efficacité et du but auquel toute vraie prière doit être ordonnée […]  La prière, en effet, n’est pas une force qui aurait son premier principe en nous, ce n’est pas un effort de l’âme humaine, qui essaierait de faire violence à Dieu, pour lui faire changer ses dispositions providentielles. Si l’on parle ainsi quelquefois, c’est par métaphore, c’est une manière humaine de s’exprimer. En réalité la volonté de Dieu est absolument immuable, mais c’est précisément dans cette immutabilité qu’est la source de l’infaillible efficacité de la prière […] Il est donc aussi nécessaire de prier pour obtenir les secours de Dieu dont nous avons besoin pour observer la loi divine et y persévérer, qu’il est nécessaire de semer pour avoir du blé.[vi] »

Denis Moreau : « Ainsi, l’affirmation "la prière n’a aucun effet"  est indiscutablement erronée. La question n’est donc pas "la prière sert-elle à quelque chose ? " mais "à quoi sert-elle ?” Et dans cette optique, la prière raisonnable et confiante est plus utile qu’on ne le pense en général […] Je croise un mendiant : mes chances de lui donner une pièce ne se trouvent-elles pas augmentées, d’avoir demandé à Dieu la grâce d’être charitable, me rendant ainsi attentif à l’importance de l’exercice de la charité ?[vii] » 




[i]Musset, J. (2015), Repenser Dieu dans un monde sécularisé, Paris : Éditions Karthala, p. 168 à 170.

[ii]Myre, A. (2017), Prier autrement, Montréal : Novalis, p. 11-12 et 241.

[iii]Spong, J. S. (2018), Unbelievable, New York : HarperOne, p. 18.

[iv]Blocher, H. (2006), Pour une théologie biblique de la prièreThEv, vol. 5.2, p. 92, http://flte.fr/wp-content/uploads/2015/08/ThEv2006-2-Pour_theologie_biblique_priere.pdf,.

[vi]Garrigou-Lagrange, R.. (1923), L’efficacité de la prière, p. 1, https://livres-mystiques.com/partieTEXTES/Garrigou_Lagrange/efficacite.html.

[vii]Moreau, D. (2018), Comment peut-on être catholique ?, Paris : Seuil, p. 73.